Dans la version de Charles Perrault, la mère-grand meurt, mais dans une autre version elle survit en sortant du ventre du loup décousu par un bûcheron. La mère-grand est le personnage qui lance la trame narrative du conte. C’est pour sa mère-grand que le petit chaperon rouge traverse les bois et apporte la galette et le petit pot de beurre. C’est encore la mère-grand qui intervient en premier pour faire du loup le personnage mauvais qui dévore sans pitié la pauvre et faible mère-grand. Elle devient la victime innocente et c’est le premier frisson d’horreur provoqué dans le récit. Même si elle apparaît peu et qu’elle n’est pas le personnage essentiel, le chaperon rouge est le protagoniste, le loup l’antagoniste, son rôle est primordial dans la structure de l’histoire. Selon l'approche si reconnue de Vladimir Propp, dans son ouvrage Morphologie du conte, qui constitue la base essentielle et méthodologique de l'analyse structurale des contes, le pain et le lait portés à la mère-grand, ou la galette et le petit pot de beurre dans des d’autres versions, seraient l’écho,

 

la mise en abîme de la chair et du sang consommés dans un repas cannibale et fortifiant ! La grand-mère transmettrait ainsi à sa petite fille, en retour du don de la mère, comme dans un sacrifice, je cite, « sa baraka et ses capacités génésiques ». Chez Propp et son système des personnages, « le destinataire (mère-grand) est l'obtenteur virtuel du bien souhaité, il peut notamment être le sujet. L'adjuvant et l'opposant sont ceux qui aident le sujet, ceux qui lui nuisent, ou plutôt l'ensemble des forces qui participent au jeu des rapports : des objets, des réalités matérielles (objet magique, or ou argent...), des qualités ou défauts "moraux" (naïveté, avidité...) peuvent intervenir dans un sens ou un autre et se combiner. »
Ce personnage de la mère-grand se retrouve dans d’autres contes comme dans les contes japonais d’antan, qui ont sûrement inspiré les versions suivantes du Petit Chaperon Rouge. Mais, si l’on s’y penche de plus près, la mère-grand en tant que telle est peu présente dans les contes en général, de la tradition à nos jours.
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Fêtes et grimoires : la mère grand