Marie-Antoinette, La Femme et les Arts


ou l’Esthétique d’une personnalité atemporelle.

 

Reine de France et personnage controversé, Marie-Antoinette est avant tout une femme, une femme libérée qui a vécu à une époque qui n’était peut-être pas la sienne. Derrière la Reine, il y a certes la Femme, la Mère, mais c’est surtout une personne joyeuse et paradoxalement en souffrance qui apparaît derrière l’icône. Une Reine mal comprise, et qui, peut-être n’en n’avais pas l’étoffe, Marie-Antoinette semble être une femme sensible, dotée d’une forte personnalité et d’un caractère excessif. Sa passion pour les Arts et l’esthétique en général certes ne l’avantage pas à Versailles dans son rôle de souveraine et vis-à-vis du peuple, mais redonne à la femme son trait essentiel : un besoin d’exister et de vivre sa vie comme elle l’entend envers et contre tous.

 

Marie-Antoinette harpe

Marie-Antoinette, une femme trop en vogue

«  Toutes les femmes étaient poudrées. C’était l’époque des coiffures monumentales, folie du goût français. Marie-Antoinette adoptait la mode plus qu’elle ne la dirigeait. Le soir, elle ne portait pas les poufs extravagants qu’on lui construisait sur la tête […] Mais ses plumes de bal étaient juchées sur des échafaudages de cheveux […]  ».

Derrière ces apparats : coiffures démesurées, bijoux très beaux et coûteux, diamants, ses robes d’une magnificence inégalable, Marie-Antoinette délaisse son rôle de Reine, en se laissant aller à des plaisirs plus éphémères et plus légers. Elle sort tard le soir, assiste à de nombreux bals, bals costumés, de nombreuses fêtes dans des lieux et des décors somptueux à l’image de Versailles où cette luxuriance est encore aujourd’hui très reconnue. La Reine se prête aux délices du jeu sans se soucier des conséquences qui lui valent les critiques de femme lubrique et frivole… Cette désinvolture à l’époque a fait beaucoup parler et a choqué ; cette attitude lui a valu l’image d’une provocatrice mais Marie-Antoinette, ingénue, ne cherche qu’à se distraire et oublier qu’elle n’est toujours pas mère et que, sans tout cela, sa vie est vide. Elle se grise pour éloigner une souffrance qui déjà la submerge.

 

Les Lieux de l’ « Autrichienne » : une mise en abyme du château de Versailles et l’Antre des Arts majestueux

«  De magnifiques tapisseries tendaient le fond de la pièce ; trois trumeaux de glace s’encadraient de palmiers enlacés de festons de fleurs, qui entouraient aussi les portraits de Marie-Thérèse et de Joseph II tissés au Gobelins. »

Luxe, magnificence et démesure. Tels sont les mots pour qualifiés la splendeur, la beauté et le goût des appartements de la Reine. Lit à baldaquin, dorures de toutes sortes, participation des plus grands à cette création : Boucher, Natoire, De Troy… Tout cela à l’image de ses appartements, le salon de la paix au bout de la grande galerie où tout n’est que glaces, marbres, trophées de cuivre. On y trouve le salon où se déroulent les concerts mais aussi les fameux jeux de la Reine. Le Cabinet de la Reine est un asile intime magnifiquement aménagé. .

« C’est devant cette glace, au milieu des rubans, des gazes, des plumes et des fleurs, qu’elle avait avec Rose Bertin ces longues « conférences » d’où la marchande de modes sortait si fière.. »

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C’est dans son Cabinet que la Reine s’adonnait à ces passions. Elle y chantait, y jouait du clavecin ; des musiques de Mozart, Gluck, Guétry. Elle y recevait les musiciens d’Allemagne. Un harpiste lui donnait aussi des cours. Dans la même vaine, elle encourageait les chanteurs en vogue comme Martin-Pierre d’Alvimare pour ne citer que lui. C’est aussi à cette époque que des peintres venaient faire le portrait de la Reine. Madame Vigée-Le Brun fit le fameux portrait qu’elle envoya en Autriche.

Son engouement pour les Arts est complet mais la musique et le théâtre sont ses deux grandes passions. La sculpture, la peinture et la poésie ne tiennent pas une place si privilégiée dans sa vie. Pourtant, sa rencontre avec Évariste-Désiré de Forges chevalier de Saint-Louis ou bien les vers d’André Chénier sur la frivolité ne la laisse pas indifférente.

« Mère du vain caprice et du léger prestige,
La fantaisie ailée autour d’elle voltige…
La Reine, en cette Cour qu’anime la folie,
Va, vient, chante, se tait, regarde, écoute, oublie,
Et, dans mille cristaux qui portent son palais,
Rit de voir mille fois étinceler ses traits. »

Marie-Antoinette ne serait pas Marie-Antoinette sans le Trianon, pavillon en marge de Versailles dont lui fait cadeau son époux Louis XVI. C’est le lieu « refuge », le lieu où s’organise des repas, des fêtes mais surtout une salle de spectacle où le théâtre et l’opéra tiennent une place d’honneur. Ce lieu orné d’arbres, de rochers a été, dit-on, redessiné par Marie-Antoinette elle-même sous la direction de Hubert Robert. Les jardins ne sont pas les seuls à évoquer une sensibilité créative de la Reine, l’aménagement du Trianon en dit long sur le goût de Marie-Antoinette.

«  Dès le seuil, on est transporté dans le monde d’autrefois. »

Tout est magnifiquement décoré, l’entrée, les appartements, la salle à manger, grand salon, salon voisin, boudoir, Cabinet…premier étage, deuxième étage… Bronze, dorure, cornes d’abondance… Présence encore de grands noms de l’Art : Lépicié, Natoire…Une salle dite de concert où se présente clavecin, pupitre doré, et où se jouait du Mozart, du Grétry… Les meubles de la Reine révèlent son goût pour les belles choses, il le matérialise : table en marqueterie, commode, vases, pendule… Tous brodés, gravés, ornés, sculptés…

Marie-Antoinette clavecin

La Reine et la Littérature : sa bibliothèque

Sachant que la reine avait un faible pour les petits ouvrages d’art, au sens propre et figuré du terme, elle possédait sa propre bibliothèque où se manifestait son intérêt pour l’écriture et la lecture, une certaine sensibilité littéraire. Sont présents tous les ouvrages graves et sérieux mais également toutes les nouveautés littéraires de l’époque. Selon Pierre de Nolhac s’y trouvait un ouvrage d’un physicien, Marat,  Recherches sur le Feu ? Seulement, le catalogue de cette bibliothèque recense surtout de nombreux poèmes et pages de roman assez légères…

« Qu’en conclure ? Tout simplement que Marie-Antoinette a pu avoir le défaut des femmes de son temps, dont les lectures comme les paroles étaient fort libres. »

Marie-Antoinette littérature

La passion du théâtre et Marie-Antoinette actrice

Le goût du théâtre chez Marie-Antoinette ne lui a pas valu une très grande popularité car ce n’était pas un art très noble à l’époque. Malgré tout, elle s’y adonna en tant que spectatrice, organisatrice mais aussi en tant qu’actrice. Des représentations ont lieu à Versailles, mais c’est au Trianon qu’elle eu l’audace de faire joué certaines pièces controversées. Elle y fait venir les plus grands acteurs de Paris, y joue les pièces les plus connues aujourd’hui encore : Le Barbier de Séville, Castor et Pollux, des opéras, des tragédies tout cela dans un cadre somptueux. Des opéras-comiques y étaient représentés Rose et Colas, Le Devin de Village. Nombreuses personnalités s’y retrouvaient même en tant qu’acteurs : le Comte d’Artois, le Duc de Guiche, le Comte d’Adhemar, la duchesse de Polignac, la Duchesse de Guiche, le Comte de Vaudreuil et Marie-Antoinette elle-même, jouant de manière noble et gracieuse. On y vu aussi des comédies, des pièces à musique, un panel de genres assez large étaient représentés : La Gageure Imprévue, Le Sage Etourdi, Les Fausses Infidélités, Isabelle et Gertrude, L’Opéra du Tonnelier

La part musicale mais aussi le chant, la danse, attiraient la Reine, car elle y avait été initiée dès sa plus tendre enfance par Marie-Thérèse. Elle avait débuté à l’âge de dix ans dans les divertissements scéniques et aujourd’hui elle faisait, à côté des grands, jouer des amateurs. Elle se mettait en scène et mettait en scène et il existait la troupe royale.

« […] un tableau, placé par elle à Trianon, rappelle le ballet mythologique qu’elle avait dansé avec ses frères à Schoenbrunn, lors du mariage de Joseph II.. »

Marie-antoinette n’a-elle pas gardé tout simplement une âme d’enfant ? Refusait-elle peut-être simplement de grandir et d’assumer son rôle de Reine ?

Femme manifestant un intérêt artistique complet ; ameublement et décoration, orfèvrerie, peinture, sculpture, littérature, et surtout musique, chant, théâtre… la Reine Marie-Antoinette s’est exercée avec talent dans plusieurs disciplines, et a su promouvoir avec goût certains artistes, lors de rencontres avec hommes et femmes, célèbres et moins célèbres, elle a su se créer son univers. De tout ça ressort la folie et le caprice d’une femme insouciante et innocente qui a expiée ses pêchés et sa souffrance au nom de la République.

 

Michaëla Degui

 

 

Un grand merci à Craye du site http://monsite.wanadoo.fr/antoinette/index.jhtml qui nous a gentiment fournit la photographie de Marie-Antoinette à la harpe illustrant ce texte.

Certaines illustrations proviennent également de ce site

Les citations en italique sont tirées de La Reine Marie-Antoinette de Pierre de Nolhac.