C’est en 1871 qu’Arthur Rimbaud débarque à Paris. Il y rencontre Paul Verlaine. Commence alors entre ces deux hommes une belle histoire, une histoire tragique qui les lie à tout jamais au-delà des temps.

Deux poètes, deux génies en quête d’amour et d’inspiration. Pendant deux longues et merveilleuses années, les deux hommes composent des vers magnifiques, des poèmes aujourd’hui encore adulés et aimés que chacun fredonne et se dit et se lit…

De cette intimité innocente naît un amour interdit ou coupable ? Les sentiments de Verlaine, tangents, entre sa femme Mathilde et son amant Rimbaud tenteront de faire de son homosexualité une expérience. Mais cette expérience entre beauté, bonheur et aussi douleur… s’achève un beau jour de juillet 1873 à Bruxelles. En proie à l’alcool, tiraillé par ses sentiments profonds, Paul Verlaine tire une balle sur Arthur Rimbaud, son amant. Il sera simplement blessé, blessé physiquement, mais aussi blessé dans l’âme. Arthur Rimbaud s’en va et quitte Paul Verlaine.

Pour mieux comprendre cette passion il est intéressant de connaître les deux personnages.

 

PAUL VERLAINE


Paul VerlainePaul Verlaine naquit à Metz le 30 mars 1844. Issu d’une famille de la petite bourgeoisie, il fit des études à Paris. A cette époque il se rend souvent dans des cafés et des salons littéraires parisiens… C’est en 1866, à tout juste 20 ans qu’il collabore au premier Parnasse contemporain et publie les célèbres « Poèmes Saturniens ». Puis en 1869, « les Fêtes galantes », évoquant le dix-huitième siècle de Watteau… Mathilde Mauté devient sa femme peu de temps après, il publie alors « La Bonne Chanson ».

Paul Verlaine par CourbetPourtant, l'année qui va suivre est celle qui bouleversa sa vie, il fait la Rencontre d’Arthur Rimbaud ; Verlaine quitte alors sa tendre épouse, et suit aveuglement le jeune poète en Angleterre, puis en Belgique. Naissent alors sous sa plume les « Romances sans paroles ». Puis, le terrible drame survint dans les années qui suivirent…Verlaine tire sur son amant, il est alors condamné à deux ans de prison qu'il purge à Bruxelles puis à Mons. Après toute cette souffrance, Verlaine se convertit au Catholicisme et il publie « le livre de Sagesse »... 1884 arrive son essai sur trois « poètes maudits » suit : Mallarmé, Tristan Corbière, et bien évidemment Rimbaud, mais ce n’est qu’à partir de 1887 que sa célébrité s'accroît. Seulement voilà, son destin lui joue des tours, la fatalité se joue de lui, il plonge alors dans la misère la plus totale. Le poète s’use…
Il s’éteint à Paris le 8 janvier 1896…

On raconte qu’au lendemain de son enterrement, plusieurs quotidiens évoquent un événement curieux et pour le moins étrange : ce serait dans la nuit suivant les obsèques que la statue de la Poésie sur l’Opéra, aurait perdu un bras. Son bras se serait cassé, écrasé littéralement, avec la lyre qu'il soutenait, à l'endroit même où le corbillard de Verlaine venait de passer quelques heures auparavant...


 


ARTHUR RIMBAUD


Arthur Rimbaud par CarjatArthur Rimbaud naquit à Charleville-Mézières, un jour d’octobre 1854, le 20. Sa mère, Vitalie Cuif, est une femme très autoritaire et son père, Frédéric Rimbaud, est militaire, capitaine des armées comme le fut celui de Verlaine. Rimbaud entre à l'Institut Rossat en 1862, c’est une école fréquentée par les enfants de la bourgeoisie de Charleville et très réputée.

En 1865, il entre au collège de Charleville et commence à écrire... Il se lie d'amitié avec Georges Izambard, son professeur de rhétorique qui lui fait découvrir de grands auteurs comme Rabelais, Victor Hugo ou bien encore Théodore de Banville. La même année, Rimbaud part pour Paris mais comme la France et la Prusse sont officiellement en guerre, il s’y rend sans autorisation, il est donc incarcéré à la prison de Mazas. Cependant, son cher professeur Izambard parvient à le faire libérer. Avant son retour à Charleville, il séjourne quelques temps chez les dites demoiselles Gindre, proches de la famille Izambard.

Arthur Rimbaud à HararLa mère de Rimbaud implore le retour de son fils qui ne cesse de fuguer…il finit par regagner Paris pour y rester deux semaines. Cette année là, il rencontre Verlaine et participe aux réunions parisiennes du « Cercle Zutique » mais en sera exclu très vite. Rimbaud et Verlaine, vivant des moments forts et dissolus, décident de s’en aller en Belgique, en Angleterre. Rimbaud regagne les Ardennes à la fin de l'année 1872, et c’est en 1873, l’année suivante, qu’il commence à rédiger « Une Saison en enfer ». Inutile de rappeler la scène tragique qui sépara à tout jamais les deux hommes.

Au fil du temps Rimbaud voyagea beaucoup à travers le monde, dans de nombreux pays…dans d’autres univers… Il fit du trafic d'armes de 1885 à 1888. Mais c’est en 1891 qu’il est rapatrié en France à cause d'une tumeur au genou droit qui le fait souffrir atrocement et qui causera sa mort en novembre de la même année...

 

 


SUR LES TRACES DE LEUR HISTOIRE



Verlaine sans Rimbaud ou Rimbaud sans Verlaine, deux talents, deux génies qui se sont trouvés pour peut-être mieux se perdre… mais c’est surtout la naissance d’œuvres qui rend leur union si impalpable et peut-être si atemporelle. Retrouvez à travers ces choix de textes leur univers…

Comment Verlaine s’adressait-il à son cher Rimbaud ?

 

Lettres de Paul Verlaine à Arthur Rimbaud

Paris, le 2 avril (18)72.
Du café de la Closerie des Lilas.

Bon ami,

C'est charmant, l'Ariette oubliée, paroles et musique ! Je me la suis fait déchiffrer et chanter ! Merci de ce délicat envoi ! Quant aux envois dont tu me parles, fais-les par la poste, toujours à Batignolles, [rue] Lécluse. Auparavant, informe-toi des prix de port, et si les sommes te manquent, préviens-moi, et je te les enverrai par timbres ou mandats (à Bretagne). Je m'occuperai très activement du bazardage et ferai de l'argent - envoi à toi, ou gardage pour toi à notre revoir - ce que tu voudras m'indiquer.

Et merci pour ta bonne lettre ! Le "petit garçon" accepte la juste fessée, I'"ami des crapauds" retire tout, - et n'ayant jamais abandonné ton martyre, y pense, si possible - avec plus de ferveur et de joie encore, sais-tu bien, Rimbe.

C'est ça, aime-moi, protège et donne confiance. Etant très faible, j'ai très besoin de bontés. Et de même que je ne t'emmiellerai plus avec mes petitgarçonnades, aussi n'emmerderai-je plus notre vénéré Prêtre de tout ça, - et promets-lui pour bientissimot une vraie lettre, avec dessins et autres belles goguenettes.

Tu as dû depuis d'ailleurs recevoir ma lettre sur pelure rose, et probab[lement] m'y répondre. Demain j'irai à ma poste restante habituelle chercher ta missive probable et y répondrai... Mais quand diable commencerons-nous ce chemin de croix, - hein ?

Gavroche et moi nous sommes occupés aujourd'hui de ton déménagement. Tes frusques, gravures et moindres meubles sont en sécurité. En outre, tu es locataire rue Campe jusqu'au huit. Je me suis réservé, - jusqu'à ton retour, - 2 gougnottes à la sanguine que je destine à remplacer dans son cadre noir le Camaïeu du docteur. Enfin, on s'occupe de toi, on te désire. A bientôt, - pour nous, - soit ici, soit ailleurs.

Et l'on est tous tiens.
P.V.

Toujours même adresse.
Merde à Mérat - Chanal - Périn, Guérin ! et Laure ! Feu Carjat t'accolle !
Parle-moi de Favart, en effet.
Gavroche va t'écrire ex imo.

 

Londres, le dimanche 12 décembre (18)75.
Mon cher ami,

Je ne t'ai pas écrit, contrairement à ma promesse (si j'ai bonne mémoire), parce que j'attendais, je te l'avouerai, lettre de toi, enfin satisfaisante. Rien reçu, rien répondu. Aujourd'hui je romps ce long silence pour te confirmer tout ce que je t'écrivais il y a environ deux mois.

Le même, toujours. Religieux strictement, parce que c'est la seule chose intelligente et bonne. Tout le reste est duperie, méchanceté, sottise. L'Eglise a fait la civilisation moderne, la science, la littérature : elle a fait la France, particulièrement, et la France meurt d'avoir rompu avec elle. C'est assez clair. Et l'Eglise aussi fait les hommes, elle les crée: Je m'étonne que tu ne voies pas ça, c'est frappant. J'ai eu le temps en dix-huit mois d'y penser et d'y repenser, et je t'assure que j'y tiens comme à la seule planche.

Et sept mois passés chez des protestants m'ont confirmé dans mon catholicisme, dans mon légitimisme, dans mon courage résigné.

Résigné par l'excellente raison que je me sens, que je me vois puni,humilié justement et que plus sévère est la leçon, plus grande est la grâce et l'obligation d'y répondre.

Il est impossible que tu puisses témoigner que c'est de ma part pose ou prétexte. Et quant à ce que tu m'écrivais, - je ne me rappelle plus bien les termes, "modifications du même individu sensitif", "rubbish", "potarada", blague et fatras digne de Pelletan et autres sous-Vacquerie.

Donc le même toujours. La même affection (modifiée) pour toi. Je te voudrais tant éclairé, réfléchissant. Ce m'est un si grand chagrin de te voir en des voies idiotes, toi si intelligent, si prêt (bien que ça puisse t'étonner !) J'en appelle à ton dégoût lui-même de tout et de tous, à ta perpétuelle colère contre chaque chose, - juste au fond cette colère, bien qu'inconsciente du pourquoi.

Quant à la question d'argent, tu ne peux pas sérieusement ne pas reconnaître que je suis l'homme généreuxen personne : c'est une de mes très rares qualités, - ou une de mes très nombreuses fautes, comme tu voudras. Mais, étant donné, et d'abord mon besoin de réparer un tant soit peu, à force de petites économies, les brèches énormes faites à mon menu avoir par notrevie absurde et honteuse d'il y a trois ans, - et la pensée de mon fils, et enfin mes nouvelles, mes fermes idées, tu dois comprendre à merveille que je ne puis t'entretenir. Où irait mon argent ? A des filles, à des cabaretiers ! Leçons de piano ? Quelle "colle" ! Est-ce que ta mère ne consentirait pas à t'en payer, voyons donc !

Tu m'as écrit en avril des lettres trop significatives de vils, de méchants desseins, pour que je me risque à te donner mon adresse (bien qu'au fond, toutes tentatives de me nuire soient ridicules et d'avance impuissantes, et qu'en outre il y serait, je t'en préviens, répliqué légalement, pièces en mains). Mais j'écarte cette odieuse hypothèse. C'est, j'en suis sûr, quelque "caprice" fugitif de toi, quelque malheureux accident cérébral qu'un peu de réflexion aura dissipé. - Encore prudence est mère de la sûreté et tu n'auras mon adresse que quand je serai sûr de toi.

C'est pourquoi j'ai prié Delahaye de ne te pas donner mon adresse et le charge, s'il veut bien, d'être assez bon pour me faire parvenir toutes lettres tiennes.
Allons, un bon mouvement, un peu de coeur, que diable ! de considération et d'affection pour un qui restera toujours - et tu le sais,
Ton bien cordial
P. V.
Je m'expliquerai sur mes plans - ô si simples, - et sur les conseil que je te voudrais voir suivre, religion même à part, bien que ce soit mon grand, grand, grand conseil, quand tu m'auras, via Delahaye, répondu "properly".

P.-S. - Inutile d'écrire ici till called for.Je pars demain pour de gros voyages, très loin...

 

L'Orgie Parisienne ou Paris se repeuple
ou Paris se repeuple

Arthur Rimbaud

O lâches, la voilà ! Dégorgez dans les gares !
Le soleil expia de ses poumons ardents
Les boulevards qu'un soir comblèrent les Barbares.
Voilà la Cité belle, assise à l'occident !

Allez ! on préviendra les reflux d'incendie,
Voilà les quais, voilà les boulevards, voilà
Les maisons sur l'azur léger qui s'irradie
Et qu'un soir la rougeur des bombes étoila !

Cachez les palais morts dans des niches de planches !
L'ancien jour effaré rafraîchit vos regards.
Voici le troupeau roux des tordeuses de hanches :
Soyez fous, vous serez drôles, étant hagards !

Tas de chiennes en rut mangeant des cataplasmes,
Le cri des maisons d'or vous réclame. Volez !
Mangez ! Voici la nuit de joie aux profonds spasmes
Qui descend dans la rue. O buveurs désolés,

Buvez ! Quand la lumière arrive intense et folle,
Fouillant à vos côtés les luxes ruisselants,
Vous n'allez pas baver, sans geste, sans parole,
Dans vos verres, les yeux perdus aux lointains blancs,

Avalez, pour la Reine aux fesses cascadantes !
Ecoutez l'action des stupides hoquets
Déchirants ! Ecoutez sauter aux nuits ardentes
Les idiots râleux, vieillards, pantins, laquais !

O coeurs de saleté, bouches épouvantables,
Fonctionnez plus fort, bouches de puanteurs !
Un vin pour ces torpeurs ignobles, sur ces tables...
Vos ventres sont fondus de hontes, ô Vainqueurs !

Ouvrez votre narine aux superbes nausées !
Trempez de poisons forts les cordes de vos cous !
Sur vos nuques d'enfants baissant ses mains croisées
Le Poète vous dit : " O lâches, soyez fous !

Parce que vous fouillez le ventre de la Femme,
Vous craignez d'elle encore une convulsion
Qui crie, asphyxiant votre nichée infâme
Sur sa poitrine, en une horrible pression.

Syphilitiques, fous, rois, pantins, ventriloques,
Qu'est-ce que ça peut faire à la putain Paris,
Vos âmes et vos corps, vos poisons et vos loques ?
Elle se secouera de vous, hargneux pourris !

Et quand vous serez bas, geignant sur vos entrailles,
Les flancs morts, réclamant votre argent, éperdus,
La rouge courtisane aux seins gros de batailles
Loin de votre stupeur tordra ses poings ardus !

Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères,
Paris ! quand tu reçus tant de coups de couteau,
Quand tu gis, retenant dans tes prunelles claires
Un peu de la bonté du fauve renouveau,

O cité douloureuse, ô cité quasi morte,
La tête et les deux seins jetés vers l'Avenir
Ouvrant sur ta pâleur ses milliards de portes,
Cité que le Passé sombre pourrait bénir :

Corps remagnétisé pour les énormes peines,
Tu rebois donc la vie effroyable ! tu sens
Sourdre le flux des vers livides en tes veines,
Et sur ton clair amour rôder les doigts glaçants !

Et ce n'est pas mauvais. Tes vers, tes vers livides
Ne gêneront pas plus ton souffle de Progrès
Que les Stryx n'éteignaient l'oeil des Cariatides
Où des pleurs d'or astral tombaient des bleus degrés."

Quoique ce soit affreux de te revoir couverte
Ainsi ; quoiqu'on n'ait fait jamais d'une cité
Ulcère plus puant à la Nature verte,
Le Poète te dit : " Splendide est ta Beauté ! "

L'orage t'a sacrée suprême poésie;
L'immense remuement des forces te secourt ;
Ton oeuvre bout, la mort gronde, Cité choisie !
Amasse les strideurs au coeur du clairon sourd.

Le Poète prendra le sanglot des Infâmes,
La haine des Forçats, la clameur des Maudits ;
Et ses rayons d'amour flagelleront les Femmes.
Ses strophes bondiront : Voilà ! voilà ! bandits !

- Société, tout est rétabli : - les orgies
Pleurent leur ancien râle aux anciens lupanars :
Et les gaz en délire, aux murailles rougies,
Flambent sinistrement vers les azurs blafards !


Mai 1871

 

Une saison en enfer (extrait)

Arthur Rimbaud

Adieu

L'automne, déjà ! - Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.

L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le coeur, étendu parmi des inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère.

Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !

- Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !

Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !

Suis-je trompé ? la charité serait-elle soeur de la mort, pour moi ?

Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.

Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?
Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.

Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !

Il faut être absolument moderne.

Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.

Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.

Avril-août, 1873

 

Un texte dit anonyme, un texte conjointement écrit par les deux poètes…


L'Idole (Sonnet du Trou du Cul)

Obscur et froncé comme un oeillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d'amour qui suit la fuite douce
Des Fesses blanches jusqu'au coeur de son ourlet.

Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marne rousse
Pour s'aller perdre où la pente les appelait.

Mon Rêve s'aboucha souvent à sa ventouse ;
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.

C'est l'olive pâmée, et la flûte caline,
C'est le tube où descend la céleste praline :
Chanaan féminin dans les moiteurs enclos !

Albert Mérat
P.V - A.R.


BONUS


Rimbaud en chanson :

Nombres d’artistes ont évoqués ce poète maudit, nombres d’artistes lui ont dédiés des chansons. De Léo Ferré en passant par Barbara jusqu’à Renaud ou Hubert-Félix Thiefaine.

« Affaire Rimbaud »

Paroles: Hubert-Félix Thiéfaine.
Musique: Hubert-Félix Thiéfaine, Claude Mairet « Météo für nada » (1986).

La jambe de Rimbaud,
De retour à Marseille
Comme un affreux cargo
Chargé d'étrons vermeils,
Dérive en immondices
À travers les égouts.
La beauté fut assise
Un soir sur ce genou.
Horreur Harar Arthur,
Et tu l'as injuriée.
Horreur Harar Arthur
Tu l'as trouvée amère... la beauté ?

Une saison en enfer
Foudroie l'Abyssinie.
Ô sorcière, ô misère,
Ô haine, ô guerre, voici
Le temps des assassins
Que tu sponsorisas
En livrant tous ces flingues
Au royaume de Choa.
Horreur Harar Arthur,
Ô Bentley, ô châteaux,
Horreur Harar Arthur,
Quelle âme, Arthur est... sans défaut ?
Les poètes aujourd'hui
Ont la farce plus tranquille
Quand ils chantent au profit
Des derniers Danâkil.
Juste une affaire d'honneur
Mouillée de quelques larmes
C'est quand même un des leurs
Qui fournissait les armes.
Horreur Harar Arthur,
T'es vraiment d'outre-tombe.
Horreur Harar Arthur
Et pas de commission.
Horreur Harar Arthur
Et pas de cresson bleu
Horreur Harar Arthur
Où la lumière pleut.


Rimbaud et Verlaine en Images :

Plusieurs documentaires ont été tournés autour de deux hommes, des films aussi. Il n’est pas question ici de tous les énumérer, mais pour n’en citer qu’un seul il est souhaitable d’évoquer celui de Richard Dindo.

Entre fiction et réalité, ce film documentaire retrace la vie d' Arthur Rimbaud en faisant revivre les gens qui l'ont le mieux connu : sa sœur Isabelle, sa mère Vitalie, son ami d'enfance Delahaye, son professeur Izanbard, l'employeur à Aden, M. Bardey ainsi que Paul Verlaine bien entendu. Tous les personnages, magnifiquement interprétés par des acteurs, racontent la vie d’Arthur Rimbaud dans les lieux réels qu’à côtoyés le poète. Les lieux de son enfance, jusqu'à la mort en passant par Charleville, Paris, Londres, Bruxelles, Aden et Harrar. Tout au long du docu-fiction, à percevoir un peu comme une enquête reconstituant les moments fondamentaux de la vie de Rimbaud. La question de son abandon de la littérature se pose aussi à travers les images de Richard Dindo. Tel un monologue intérieur, une voix off traverse le film, entremêles d’extraits de poèmes, de correspondance. Un véritable chef-d’œuvre à la fois artistique, didactique et touchant.

Documentaires, dessin animés, théâtre, cinéma, l’hommage est partout. Au-delà de la littérature, les deux poètes ont survécus et ne cesse ne hanter les esprits poétiques et moins poétiques. L’Histoire des deux hommes est un parcours à suivre, à comprendre et à partager…


LIENS et DOCUMENTATION :

http://membres.lycos.fr/antonzec/verlaine.html
Consultez :
. Les lettres de Verlaine à Rimbaud
. Les textes de Verlaine sur Rimbaud
. Le dossier de Bruxelles
. Dessins de la main de Verlaine
. Portraits de Verlaine
. Les copies de la main de Verlaine

http:/www.mag4.net/Rimbaud/index.html
Consultez un site très bien fait et très complet sur les deux poètes maudits

Anthologie rimbaldienne :
http://abardel.free.fr/

Verlaine Rimbaud, un lexique :
http://www.ac-grenoble.fr/rimbaud/intro.htm


http://rimbaudtexte.free.fr/biographie.php
http://www.alalettre.com/rimbaud-bio.htm
http://www.azurs.net/arthur-rimbaud/rimbaud_biographie.htm
http://www.ac-grenoble.fr/rimbaud/rimver.htm
Toutes les dates importantes qui structure la vie de Verlaine et de Rimbaud.

http://www.navigationplus.com/poesie/rimbaud/biographie.php
une courte biographie mais très bien résumé…

Des poèmes de Rimbaud…et de Verlaine pas très loin
http://www.pierdelune.com/rimbaud.htm
http://www.pierdelune.com/verlaine.htm
http://www.exploesie.com/poemes/rimbaud/1.html

Mieux comprendre la correspondance entre Verlaine et Rimbaud :
http://www.fondationlaposte.org/article.php3?id_article=745


Sur les deux poètes et leurs œuvres :
http://www.lechannel-calais.org/dossierpeda/docgreen/greendossier.html

Références pour en savoir plus : http://catou.shinava.net/rimbaud/bibli.html

Chanson d’Hubert Félix Thiefaine : http://www.paroles.net/artis/1899
Autres chansons : http://www.mag4.net/Rimbaud/Chansons.html

Film de référence : http://www.6bears.com/rimbaudverlaine.html
Documentaire de référence: http://www.lesfilmsdici.fr/moteur/presult.php?titre=ARTHUR%20RIMBAUD

 

Michaëla Degui

 

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