Charles Dickens (1812-1870)

L’Histoire du Parent Pauvre in Les Conteurs à la Ronde

« Il lui répugnait beaucoup d’avoir la préséance sur tant de membres honorables de la famille, en commençant la première des histoires qu’ils allaient raconter chacun à leur tour, assis en demi-cercle auprès du feu de Noël, et, modestement, il suggéra qu’il serait plus convenable que ce fût d’abord John, « notre estimable hôte », dont il demandait à porter la santé. « Quant à lui, dit-il, il était si peu fait à se mettre en avant, qu’en vérité... »

Mais ici tous s’écrièrent d’une voix unanime qu’il devait commencer, et ils furent d’accord pour répéter qu’il le pouvait, qu’il le devait, qu’il le ferait. Il discontinua donc de se frotter les mains, retira ses jambes de dessous son fauteuil et commença :
Je ne doute point, dit le parent pauvre, que par la confession que je vais vous faire, je surprendrai les membres réunis de notre famille, et particulièrement John, notre estimable hôte, à qui nous avons une si grande obligation pour l’hospitalité magnifique avec laquelle il nous a traités aujourd’hui. Mais si vous me faites l’honneur d’être surpris de n’importe ce qui vient d’un membre de la famille aussi insignifiant que moi, tout ce que je peux vous dire, c’est que je serai d’une scrupuleuse exactitude dans tout ce que je vous raconterai.
Je ne suis point ce qu’on me suppose être. Je suis tout autre. Peut-être avant d’aller plus loin, serait-ce mieux d’indiquer d’abord ce que l’on suppose que je suis.

 

Né le 7 février à Portsmouth en Angleterre en 1812, Charles Dickens est l’un des conteurs et écrivains des plus fameux. Il passa une enfance heureuse à Chatham au sein d’une famille modeste.
Malheureusement, alors qu’il rejoint son père, muté à Londres, il doit arrêter ses études pour des raisons financières. Les difficultés sont telles que la famille se retrouve en grande misère et que son père est emprisonné pour dettes. A tout juste douze ans, Charles Dickens se retrouve employé dans une simple fabrique de cirage. Cette nostalgie de l'enfance heureuse et pure, cette obsession de la faim et de la pauvreté sont des thématiques et de réels sentiments qui se retrouveront dans son œuvre.

Quelques temps après, Charles Dickens entreprend tout de même trois années d'études et entre ainsi dans un cabinet juridique au service d’un avoué. Friand et passionné de littérature et de lectures en tout genre, il trouve une place en tant que sténographe dans une revue. En 1833, il fait ses débuts d’écrivain dans divers journaux et magazines de contes dans les quartiers populaires de Londres. C’est en 1836, que son premier livre de contes et autres pièces intitulées Les Esquisses de Boz (Boz étant son pseudonyme) paraît. Dès 1837, il commence à révéler son talent avec Les Aventures de M. Pickwick, son succès est immédiat. Entre écriture et grands voyages, Charles Dickens est prolifique et inspiré. C’est à cette même époque qu’il se marie avec une certaine Catherine Hogarth. Pratiquement tous les romans de Charles Dickens seront publiés de façons mensuelles ou hebdomadaires.

On lui connaît aujourd’hui une grande qualité et quantité d’ouvrages, on citera, entre autres bien sûr : La Maison d'Âpre-vent ; Le Conte de Deux Cités ; Oliver Twist (1837-1839) ; Les Mémoires de Joseph Grimaldi (1838) ; Le Pendule de Maître Humphrey (1840-1841) ; Le Magasin d’Antiquités (1841) ; Le Célèbre Conte de Noël ; Notes Américaines (1842) ; Un Chant de Noël (1843) ; Les Carillons (1844) ; Le Grillon du Foyer (1845) ; La Bataille de la Vie (1846) ; David Copperfield (1849-1850) ; Le Pauvre Voyageur (1858) ; Message Venu de la Mer (1860) ; Les Grandes Espérances (1851) ; Notre Ami Commun (1864-1865) ; L’Abîme (1867), etc.

En pleine gloire, il se sépare de sa femme et devient à ce qu’on dit « le baladin national et international de l'Angleterre » car il fait alors des lectures à travers le monde : en Angleterre, en France et même aux Etats-Unis. Surmené et très nerveux, Charles Dickens ne se ménage pas et sa santé en pâtit. Le 9 juin 1865, il a un terrible et grave accident de chemin de fer qui le diminue physiquement. Le même jour, cinq ans plus tard, il meurt à Gadshill, un 9 juin 1870 exactement. Il est inhumé avec les honneurs à l’abbaye de Westminster. Son roman, Le mystère d'Edwin Drood ne sera jamais achevé…